LES NUITS BLANCHES DE SAINT-PETERSBOURG
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 Sous le pied d'un cheval, se trouve parfois l'horreur [Pv Anyachou]

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Sven Ohlsson

Sven Ohlsson


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MessageSujet: Sous le pied d'un cheval, se trouve parfois l'horreur [Pv Anyachou]   Sous le pied d'un cheval, se trouve parfois l'horreur [Pv Anyachou] Icon_minitimeVen 1 Avr - 11:42

Quand la porte s'ouvrit, laissant apparaitre la silhouette pourtant familière du palefrenier et sa fourche remplie de foin, le grand étalon baissa immédiatement les oreilles avant de se coller contre la paroi la plus éloignée de l'entrée. L’œil mauvais et suspicieux, le regard braqué sur l’intrus qui venait de pénétrer sur son territoire, il émit une sorte de couinement, montrant clairement qu'il était en colère. Malgré les jours qui passaient, l'animal ne parvenait pas à s'habituer à la main qui le nourrissait. Et encore, l'homme pouvait s'estimer heureux, le pensionnaire récalcitrant tolérait tout juste sa présence, lui laissant à peine le temps d'entrer, de déposer la généreuse ration d'avoine et de foin quotidienne, et de sortir dare dare. Un jour, l'homme avait bien tenté de rester un peu plus longtemps pour l’observer mais les sabots du monstre noir, lancés dans sa direction et évités de justesse, l'avaient dissuadé à tout jamais de recommencer. Lui, comme le reste du personnel, avaient vite appris à se tenir à carreau, le plus loin possible de la tornade noire, et surtout de ses pieds et des dents. Et cette fois-ci ne fit pas exception. L'homme balança rapidement la nourriture dans la mangeoire et fila sans demander son reste s’occuper des autres animaux, après s’être assuré qu’il avait correctement refermé la porte derrière lui. Un animal comme lui en liberté dans les écuries, et sans son maitre dans les environs, c’était le chaos assuré et l’homme ne tenait pas vraiment à devoir assumer une telle responsabilité.

Resté seul, l'animal souffla bruyamment pour exprimer son mécontentement puis se calma et se mit à manger. Quelques minutes plus tard, la distribution générale de nourriture achevée, la tranquillité était revenue dans les écuries du palais royal et seul le bruit monotone des mâchoires venait troubler le silence. L’incident était définitivement clos. A l’extérieur, les hommes sortaient déjà fourches et brouettes, le nettoyage des boxes venait de commencer. Indifférent à cette agitation et à présent tranquille, Svart Skönhet resta caché dans son chez lui. Personne ne viendrait braver l’interdit de pénétrer dans son box pendant qu’il était encore là, même s'il s'agissait de nettoyer le box. L’animal attendait juste, immobile, lorsque soudain, il releva l'encolure. Avant de s’avancer vers la porte et de sortir la tête à l’extérieur. Les naseaux dilatés, la tête levée exagérément, il huma l’air frais ambiant et laissa échapper un profond hennissement.

*****

Bien emmitouflé dans son épais manteau, les yeux à demi fermés par le froid et le brouillard du matin, Sven Ohlsson remontait tranquillement le chemin qui menait aux grandes écuries du Palais. La démarche assurée et le visage fermé, l’homme marchait à grandes enjambées en direction de son but. Sous sa chaude veste, le suédois était comme à son accoutumée, bien vêtu. Pas de tâche, pas de faux pli, les hautes bottes correctement cirées et le pantalon immaculé, et pourtant il s’agissait d’un jour quelconque. Une matinée de plus à se lever aux aurores, avant même le chant du coq, pour de nouveau commencer sa journée comme toutes les autres: s'occuper de l'un des êtres qui lui étaient le plus cher...

Il entendit et reconnut le hennissement bien avant d’atteindre les écuries principales. Sous son écharpe chaude, ses lèvres s’étirèrent en un pale sourire et il accéléra le pas pour retrouver son compagnon. Rapidement, il traversa les écuries, saluant d’un simple signe de tête les palefreniers et parvint devant le box.

- Bonjour Svart.

Les oreilles pointées en avant, l’animal le dévisageait, les yeux brillants semblaient dire « je suis content de te voir ». Son équipement bien calé sous son bras, Sven se servit de sa main libre pour débloquer le verrou et pousser la porte. La main tendue et une rapide caresse sur l'encolure de l'hanovrien, puis le jeune soldat se détourna pour déposer selle et harnachement avec précaution, afin de ne pas les salir. La porte toujours grande ouverte, l'homme n'avait pas peur que l'animal ne s'échappe. A vrai dire, Svart ne s'en allait jamais très loin quand il se trouvait dans les parages.

- Allez sors ou tu vas prendre racine.

Près de Sven, l'immense animal sortit tranquillement de son box, les oreilles pointées en avant et resta planté là, attendant que l'homme s'occupe de lui. Il n'eut pas longtemps à attendre, Sven avait déjà attrapé l'étrille et la brosse. D'une simple claque sur l'épaule, il lui indiqua de se positionner correctement. Docile, à des milliers d'années lumières de son comportement avec les autres, le cheval s’exécuta pour s’adonner au rituel quotidien. Tous les jours, son cavalier s’occupait exclusivement de lui et prenait de longues minutes pour s’assurer que tout allait bien, refusant de laisser cette tâche au domestiques. D'une, parce que le domestique en question risquait d'y perdre la vie, et de deux, parce qu'il estimait que c'était à lui de le faire. Svart était sous sa responsabilité et il était son ami, c'était une raison plus que suffisante. Chaque matinée était ainsi teintée des mêmes habitudes. Après s'être soumis à un rapide pansage, le cheval se laissait mener dans la campagne environnante pour un entrainement intensif, et le moment des soins était sans aucun doute un instant privilégié et intime qui n'appartenait qu'à eux.

L'étrille à la main, le soldat commença à décoller la poussière du poil. Sous le passage de la brosse, le poil ébène commençait à briller. Incontestablement, malgré son fichu caractère, l'hanovrien était splendide. En pleine force de l'âge et en pleine forme, il était beau à voir. Absorbé par son travail, Sven ne prêtait pas trop attention à ce qui se passait autour de lui, se contentant de lever de temps en temps les yeux pour regarder les alentours.

Soudain, une silhouette familière apparut au loin. Frêle et délicate, le visage triste et marqué par la fatigue, malgré le maquillage. Sans la connaitre, l'homme savait déjà de qui il s'agissait. Son visage resta pourtant de marbre et il se contenta de la fixer pendant un court moment avant de revenir à son travail. Cette femme, de la noblesse, venait souvent par ici, et c'était rare de voir une femme fouler avec tant d'entrain les chemins de l'écurie. Si le jeune suédois était intéressé, il ne le montrait pas, mais c'était indéniable: cette femme l'intriguait au plus au point. Pourtant, il ne lui avait jamais parlé...Leurs changes s'étaient juste limités à quoi? Un bonjour? Un échange de regards?

De toute façon, on ne pouvait pas vraiment espérer plus, avec les hautes sphères...




Dernière édition par Sven Ohlsson le Dim 3 Avr - 14:13, édité 1 fois
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Anastasia K. Nouchkine
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MessageSujet: Re: Sous le pied d'un cheval, se trouve parfois l'horreur [Pv Anyachou]   Sous le pied d'un cheval, se trouve parfois l'horreur [Pv Anyachou] Icon_minitimeVen 1 Avr - 16:44

Prendre une profonde inspiration. Respirer. Respirer, ne pas penser à demain. Se concentrer sur aujourd'hui. Sur le moment présent. Et rien d'autre. Rien d'autre... Non, ce n'était pas si simple que cela. J'étais incapable de penser au moment présent. Parce que j'avais cette boule au ventre – sans mauvais jeu de mot – qui m'empêchait de respirer correctement, qui m'empêchait d'avancer sans être morte de peur. Quand j'étais au palais, j'avais sans cesse peur de voir Dmitri surgir devant mes yeux. Ce n'était même pas de la peur, c'était de la terreur. Et pourtant je savais que je devrais bientôt le rencontrer volontairement. Il ne savait toujours pas que j'étais enceinte. Et il fallait que je le lui annonce, car même si je n'étais enceinte que d'environ trois mois, ma grossesse ne tarderait pas à se voir. J'appréhendais énormément ce moment. Impossible de prévoir d'avance la réaction de Dmitri. Oh, évidemment, je savais très bien qu'il ne sauterait pas de joie, pas plus qu'il ne me prendrait dans ses bras pour exprimer sa joie. Non, au mieux j'aurais un « bien ». Bien, tu fais enfin ce que j'attends de toi. Bien, tu remplis ton rôle de femme et d'épouse. Bien, tu vas avoir un peu de répit les mois qui suivent, car te balancer contre le mur alors que tu portes mon héritier n'est pas très judicieux. Bien, ton cauchemar commence... Je n'avais pas revu Milan depuis que je lui avais annoncé ma grossesse. Cela faisait presque une semaine, et je commençais à désespérer d'avoir de ses nouvelles. Je ne savais pas trop ce qui lui avait fait le plus peur. Le fait que je porte l'enfant de son frère, ou le fait que nous aurions fauté gravement si ses yeux ne s'étaient pas posés sur mes cuisses couvertes d'hématomes. Ou encore le fait qu'il était terriblement tenté par l'idée de devenir mon amant... Toujours est-il que j'avais l'impression que cela faisait une éternité que je ne l'avais pas vu. Je lui avais promis de lui écrire, et je le ferais sous peu si je ne le voyais pas dans les couloirs du palais, ou encore à la demeure familiale. Il n'y mettait presque plus les pieds, pas plus que sa sœur cadette. Comment le leur reprocher ? Cette maison était encore moins animée qu'un cimetière. Et elle était si semblable à une prison que j'étais parfois étonnée de ne pas découvrir des barreaux aux fenêtres. Je crois que cela ne m'aurait fait ni chaud ni froid d'en découvrir. Car ce n'était pas comme si un jour j'aurais l'occasion de m'en échapper, n'est-ce pas ?

Il faisait terriblement froid, pour un début de printemps. La neige n'avait pas fondu du tout, et j'avais presque l'impression que le froid s'était fait plus intense. Tout était gelé à l'extérieur du palais, les fontaines s'étaient transformées en petits lacs gelées, et il n'était pas rare de voir les enfants jouer dans les bassins, pour tester la résistance de la glace. Les arbres et les bosquets avaient complètement gelés, et les quelques bourgeons qui avaient pointé le bout de leur nez n'avaient plus aucune chance de se transformer en fleurs. La Russie était véritablement imprévisible... Il était toujours possible que nous ayons un été brulant, même après de telles vagues de froid. J'avais hâte de sortir de l'hiver, plus encore que d'habitude. Mon moral étant déjà au plus bas, voir toute cette nature morte autour de moi ne m'aidait pas à sortir la tête hors de l'eau. Enfin, je ne pouvais rien faire, ni contre la nature, ni contre de le destin. Je n'étais pas une héroïne de roman, après tout. Ni une grande femme. Je ne pouvais protester contre rien. Du moins, pas sans en subir les conséquences. Parfois, je regrettais de ne pas être plus... soumise. Car c'était mon caractère qui me jouait de mauvais tours. Sans lui, je n'aurais pas été aussi malheureuse. Comme on dit, heureux les simples d'esprit...

A mon plus grand regret, j'avais dû me faire à l'idée que monter à cheval me serait interdit les prochains mois. Cela me peinait énormément, car ma jument, Tasha, était de loin ma seule et meilleure amie après Marie. Marie qui n'allait pas tarder à accoucher, elle recevait donc de moins en moins de visites. Les médecins faisaient très attention à elle, et ce n'était guère étonnant. Elle était peut-être sur le point de mettre au monde le fils du Tsar. À trente-trois ans, Alexandre restait sans aucun héritier mâle, et la question de la succession commençait à se poser. Personne ne voulait voir Constantin sur le trône, mais Nicolas était trop jeune pour régner, s'il arrivait quoi que ce soit à son frère... Cela aurait fait le bonheur des opposants et des comploteurs, néanmoins... Pas que je m'en soucie réellement, cependant. Bien qu'en faveur de la monarchie actuelle, j'avais cessé de m'intéresser à la politique depuis déjà un certain temps. Ce n'était pas ma préoccupation principale. Non, je me souciais seulement de moi en ce moment, en bonne égoïste que j'étais devenue. Plutôt que de passer mes après midi avec les merveilleuses dames de la cour, je profitais au maximum de ma liberté toute relative, avant d'être totalement enfermée. De toute façon, parler des dernières robes à la mode ou du dernier roman à l'eau de rose ne me faisait pas très envie. Je préférais de loin rendre visite à ma chère Tasha. Cela faisait plusieurs jours qu'elle était à l'écurie, il était temps qu'elle voit un peu le soleil. La voir suffisait à me faire plaisir. Elle était si désinvolte que pour un moment, elle me faisait oublier mes malheurs. Plus certainement que n'importe quel être humain. Elle n'était pas fausse, elle n'attendait rien de moi... Sauf peut-être une ou deux pommes bien mûres.

Je suis discrètement sortie de mes appartements, chaudement emmitouflée dans ma robe et dans mon manteau. Si avant je faisais très attention à ce que je portais, aujourd'hui je me contentais de la première robe sortie de mon armoire. Mais j'avais perdu mon goût pour les couleurs extravagantes. Le bleu le plus terne ou le gris le plus éteint me convenait parfaitement. Je ne devais plaire à personne, et ce n'étaient pas les regards ou les murmures des femmes qui me feraient changer d'avis. Au moins ne ressemblais-je pas à un paon. J'ai emprunté une sortie dérobée pour sortir de l'enceinte du palais sans qu'une myriade de femmes ne fonde sur moi. Je détestais cette habitude que la plupart avait, qui consistait à faire mine de s'intéresser à tout le monde pour avoir un maximum d'amies et de relations. L'hypocrisie n'était pas ma qualité préférée... A peine avais-je posé un pied à l'extérieur que le vent froid me gifla, me faisant frissonner toute entière. Soupirant légèrement, je croisai mes bras sous ma poitrine, comme pour tenter de me réchauffer. D'un pas rapide, je me dirigeai vers les écuries. On était toujours étonné de voir une dame de mon rang trainer dans un tel endroit. En général, la plupart des gens ne prêtaient guère attention à leur monture, pas plus qu'ils n'en prenaient soin. Ce n'était pas mon cas, je tenais énormément à Tasha. Lorsque j'entrai dans les écuries, un mince sourire naquit sur mes lèvres. J'aimais tout dans cet endroit. Autant les animaux que l'effervescence qui y régnait en permanence. Les hommes prenaient soin des bêtes, qui hennissaient et s'agitaient dans leurs boxs. Le box de Tasha se trouvant tout au fond, je traversai les écuries en hâte. Néanmoins, je ne manquai pas de remarquer ce grand homme blond, suédois, dans le box de son propre animal. Nous nous étions souvent croisés ici. Mais nos échanges s'étaient limités à un « Bonjour » poli. Je ne savais rien de lui, sinon qu'il se prénommait Sven et qu'il était dans l'armée. C'était tout. Et si j'étais curieuse, je ne m'étais toujours interdit la moindre curiosité, par crainte de Dmitri, et parce que l'homme ne semblait pas très ouvert. Je me contentai d'un hochement de tête et d'un maigre sourire.

Arrivée devant le box de Tasha, je fus très étonnée de la voir terriblement nerveuse et agitée. Les oreilles couchées, les yeux exorbités, elle piétinait sur place, hennissant et secouant la tête. Elle était complètement paniquée. Fronçant les sourcils, j'ouvris le box et pénétrai à l'extérieur.

« Du calme, ma belle, du calme... Eh bien, que t'arrive-t-il ? Pourquoi es-tu si agi... »

Brusquement, je trébuchai, et avant d'avoir pu me rattraper à quoi que ce soit, je me retrouvai couchée par terre, sur le ventre. Et avant même que je n'ai pu me rendre compte de rien, Tasha s'élança hors de son box comme prise de folie, manquant de me piétiner moi et un jeune palefrenier au passage. Jurant, je me redressai légèrement, avant de me stopper net dans mon élan. J'avais mis les mains dans quelque chose de poisseux et collant. Baissant les yeux sur mes mains, je poussai un cri en les découvrant écarlates, vraisemblablement maculées de... sang. J'écarquillai les yeux, constatant que mon manteau et ma robe étaient également tachés de sang. Me demandais naturellement d'où venait tout ce sang, j'eus la bêtise de me retourner.

J'ai hurlé à m'en arracher les cordes vocales.

« Oh mon dieu... OH MON DIEU ! »

Rien ne m'avais préparée à découvrir ce que je venais de découvrir. J'avais trébuché sur un cadavre, ni plus ni moins. Le corps d'une jeune femme, qui n'avait pas plus de vingt ans. Hurlant de plus belle, je me relevai maladroitement et reculai jusqu'au mur, gardant mes mains tendues devant moi, une mine de dégout sur le visage. Tremblant de tous mes membres, j'étais incapable de détacher mes yeux du cadavre de la jeune femme. J'étais au bord de l'évanouissement, je venais de remarquer qu'elle avait un trou béant dans la poitrine, comme si... Comme si on lui avait arraché le cœur. Voilà pourquoi Tasha était si nerveuse... Comment personne n'avait-il pu découvrir cela avant moi ? J'étais au bord de la crise d'hystérie et j'avais la nausée, le coeur au bord des lèvres, et cela n'avait strictement rien à voir avec ma grossesse, même si j'étais tombée sur le ventre. C'était immonde, d'autant plus que les yeux de la malheureuse étaient encore grand ouverts, écarquillés d'effroi. Son visage figé dans une dernière grimace d'horreur et de douleur. Moi, j'étais figée toute entière, incapable de faire un geste, comme si je craignais de m'effondrer si je faisais un pas. Cette scène avait un arrière goût de déjà-vu, et l'image de ma soeur poignardée en plein coeur s'imposait à moi, remplaçant presque la malheureuse jeune femme qui venait de perdre la vie. Tétanisée, je n'osais même pas appeler à l'aide. Mais j'avais hurlé si fort qu'il eût été étonnant que personne ne m'ait entendue.
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Sven Ohlsson

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MessageSujet: Re: Sous le pied d'un cheval, se trouve parfois l'horreur [Pv Anyachou]   Sous le pied d'un cheval, se trouve parfois l'horreur [Pv Anyachou] Icon_minitimeDim 17 Avr - 1:48

Sven n’avait à priori rien du prince charmant des contes pour enfants mais il n’était pas pour autant homme à ne rien faire quand il entendait le cri d’une femme en détresse. Lorsqu’il entendit le hurlement de la jeune femme, il posa immédiatement l’étrille et flanqua une claque sur la croupe de l’étalon, lui enjoignant de rentrer dans son box. Inutile de laisser l’animal libre dans la cour de l’écurie pendant qu’il s’éloignait, Svart risquait de semer la panique si quelqu’un passait trop près de lui. Ou pire, de blesser quelqu’un. Déjà que le cheval n’était pas très apprécié, inutile de laisser au personnel une raison de poids pour le virer. L’étalon comprit aussitôt, fit volte-face et retourna à l’intérieur. Le suédois referma aussitôt le loquet et sans plus attendre se précipita en direction du cri. Celui de la princesse…Sans en être réellement conscient, l’hemme accéléra le pas.

Alors qu’il arrivait, il vit un palefrenier qui courrait également vers le box mais celui-ci lui laissa la place pour y pénétrer le premier. Foulant l’épaisse couche de paille, Sven y entra sans hésitation et jeta un rapide coup d’œil. La première chose qu'il vit fut la frêle silhouette tombée à terre, littéralement collée au mur, et la peur sur son visage. Non, dire qu’elle avait peur aurait été un euphémisme…En réalité, elle semblait avoir vu le diable. Les yeux écarquillés et la terreur qui emplissait ses pupilles.

- Madame, que se passe-t-il ?!

Ce fut à ce moment précis qu’il aperçut le sang qui couvrait les mains de la jeune femme. Etait-ce son sang ? Dur à dire. Comment s’était-elle blessée ? Pourtant, elle ne semblait pas souffrir, elle paraissait juste être en proie à une panique sans nom, et le regard fixe sur un point…Les yeux de Sven y volèrent aussitôt et c’est ainsi qu’il découvrit l’horrible cadavre mutilé à quelques pas de lui. L’homme avait déjà vu nombre de cadavres et d’horreurs lors de ses batailles mais cela ne suffit pas à lui épargner une moue de dégoût. Détournant le regard, il reporta son attention sur la princesse.

- Vous êtes blessée ?

Le suédois avait déjà compris la gravité de la situation, et seules quelques secondes avaient suffi. Soudain, il entendit derrière lui un cri étouffé et des pas précipités…Le jeune palefrenier qui l’avait suivi n’avait pas dû supporter la vue. Rien de bien condamnable…La vue du celle qui avait dû être une belle femme et le trou béant sur sa poitrine étaient juste ignobles, insoutenables au regard de quiconque.Sans perdre de temps, Sven se retourna vers lui et haussa la voix.

- Appelez la police. Tout de suite, lança-t-il d'un ton autoritaire.

Cela ne relevait plus de sa compétence. Il n'enquêtait pas sur les meurtres, et celui-ci semblait particulier. Comme tout le monde, Sven avait entendu parler des cadavres de jeunes femmes retrouvés un peu partout, dans tous les coins de St Pétersbourg, mais il n'avait jamais entendu plus que des rumeurs sur de possibles pistes. En tout cas, voilà que l'assassin s'invitait à présent chez la haute bourgeoisie, voilà qui risquait de mettre en émoi la cour entière. Surtout dès qu'ils auraient eu vent de qui avait trouvé le nouveau cadavre...

Lâchant ses pensées, le militaire se retourna vers la jeune femme, toujours paralysée par l’effroi. Contournant le cadavre, il s’avança vers elle, les mains en avant dans un geste de tranquillité.

- Madame, vous m’entendez ? Je vais vous sortir de là, d’accord ?

Son ton était calme. Rassurant. Doucement, il s’agenouilla près de la dame et la releva. Drôle de sensation que d’être aussi prêt d’une dame de la haute société, mais l’homme n’en montra rien, se contentant de la guider pour l’amener loin du spectacle immonde qui s’offrait à eux.

- Allez, venez, je vous amène à l’extérieur. On va s’occuper de vous, ajouta-t-il, avant de répéter doucement, Vous êtes blessée ?

Désolée pour l’énorme retard. ><

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Anastasia K. Nouchkine
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MessageSujet: Re: Sous le pied d'un cheval, se trouve parfois l'horreur [Pv Anyachou]   Sous le pied d'un cheval, se trouve parfois l'horreur [Pv Anyachou] Icon_minitimeMar 19 Avr - 23:44

{ Aucun souci ^__^ }

J'avais déjà été confrontée à la mort, et de façon toute aussi violente et soudaine. C'était tout de même le second cadavre que je découvrais, le premier ayant été celui de ma sœur ainée. Et quand bien même cette femme n'était qu'une inconnue pour moi, je n'en étais pas moins profondément choquée. Cette fille était bien trop jeune pour mourir, et surtout d'une façon aussi atroce. On avait l'impression qu'on lui avait arraché le cœur alors qu'elle était encore vivante. Impression renforcée par l'omniprésence du sang autour de nous. Je savais qu'il y avait énormément de sang dans le corps humain, mais là on avait l'impression que quelqu'un venait d'égorger un cochon. La paille était écarlate et les murs éclaboussés de sang. À croire qu'elle avait été tuée ici même. Voilà pourquoi Tasha était si nerveuse. Comme tous les animaux elle détestait la mort, et son box empestait le cadavre et le sang. D'ailleurs, cette odeur de rouille me donnait la nausée. Et j'en avais partout, partout. Trop occupée à saluer Tasha je n'avais rien vu et j'étais tombée à plat ventre, en plein sur le cadavre. Cela aurait pu être très drôle, mais ça ne l'était absolument pas. C'était immonde, juste immonde. Voilà que l'assassin venait se promener dans les hautes sphères. Je ne comprenais pas comment c'était possible. La sécurité aurait dû être renforcée, cet homme – il ne pouvait s'agir que d'un homme selon moi – n'aurait jamais dû pouvoir passer. Et pourtant il y était parvenu... A moins que ce ne soit quelqu'un de confiance, qui vivait ou travaillait ici ? Cette pensée me glaça le sang. N'étions nous plus en sécurité, même ici ? C'était terrifiant. Voilà que le seul endroit où je me sentais encore en sécurité devenait le théâtre des assassinats les plus barbares de notre siècle. Je ne pourrais sans doute plus fermer l'œil, après cela. De peur de me réveiller avec un trou béant dans la poitrine, au sens figuré. Quoique, il était fort peu probable que je me réveille. J'eus été curieuse de voir l'assassin s'attaquer à Dmitri. Aurait-il seulement trouvé un coeur à arracher ?

J'eus un sursaut en voyant apparaître un visage devant moi. Je relevai les yeux, et revins brutalement à la réalité lorsque j'entendis Sven me demander ce qu'il s'était passé, et si j'étais blessée. Je fus incapable de répondre à la première question. Et sans doute l'avait-il posée pour la forme. En effet, il ne fallait pas être devin pour réaliser que cette jeune fille avait été sauvagement assassinée par je ne sais quel psychopathe. Et qu'elle avait été dissimulée dans le box de ma jument par la suite. C'était plutôt évident. Transparent, même. S'il espérait que je lui apporte le moindre élément d'information, il se trompait lourdement, je n'en savais pas bien plus que lui. Je n'étais pas la police, je n'enquêtais pas sur ce genre de choses. Non, moi je me contentais de découvrir les corps. Ce qui en soi suffisait largement. J'avais l'impression d'avoir le coeur au bord des lèvres. Je me serais probablement évanouie si je n'étais pas aussi stupéfaite.

« Je... Non... Non, je n'ai rien... »

Physiquement, j'allais parfaitement bien, j'avais simplement trébuché, je ne m'étais pas fait mal. Le sang n'était pas le mien, heureusement. Je n'avais pas une égratignure. J'étais entière... Mais ce que j'avais vu me marquerait à jamais, sans aucun doute. Cela venait de raviver le souvenir de ma sœur morte dans mon esprit, son corps ensanglanté et sa poitrine trouée d'un coup de poignard. J'allais en faire des cauchemars, à n'en pas douter. J'étais faible et fragile... Je ne bougeai pas lorsque Sven s'avança vers moi doucement, les mains en avant. À vrai dire je n'osais plus bouger, j'étais comme paralysée. J'aurais du partir en courant, mais j'en étais incapable et je ne savais pas pourquoi. Je l'entendais me parler, mais sa voix semblait venir de très loin, comme simplement amenée à moi par le vent. C'était étrange. Comme si je m'étais détachée de la réalité pour tenter en vain de me protéger. Il n'y avait rien à craindre, pourtant. Mais c'était ce que je faisais toujours. Je me fermais au monde quand quelque chose n'allait pas... Quand Dmitri était violent avec moi. C'était ma façon à moi de me protéger. Cela ne m'empêchait pas de ressentir la douleur et l'humiliation, mais cela avait au moins le mérite de m'aider à accepter que cela se répète, encore et encore.

J'acquiesçai bêtement lorsqu'il m'annonça qu'il allait m'amener à l'extérieur. Je le laissai me guider à l'extérieur du box, en évitant soigneusement de poser mes yeux sur le cadavre de la jeune femme. Je ne m'autorisai à respirer qu'une fois sortie du box. Une fois à l'extérieur je pris une profonde inspiration d'air glacé, tout en secouant la tête. Non, je n'étais pas blessée, j'allais bien. On ne pouvait pas en dire autant de la servante... Ou du garçon d'écurie qui avait vraisemblablement vomi toutes ses tripes. Avec une grimace, j'ai essuyé mes mains sur ma robe. Je me moquais de la tacher un peu plus. Elle était fichue, de toute façon. Avisant un bac d'eau à moitié gelée, j'ai trempé mes mains dedans pour les nettoyer un minimum. Puis je me suis de nouveau servi de ma robe pour les essuyer, avant de me tourner vers Sven, un maigre sourire sur les lèvres.

« Merci. Je crois que j'aurais pu rester pétrifiée là un bon moment, sans votre intervention. »

Ou j'aurais fini par m'évanouir, c'était au choix. Dans tous les cas, j'étais bien contente d'être sortie de ce box et d'échapper à la vue du cadavre. Ce n'était pas une chose qui devait être vue du peuple. Seule la police devrait voir ce genre de choses. Mais il fallait bien quelqu'un pour trouver les corps, n'est-ce pas ? Quand bien même j'avais eu l'air d'une hystérique pendant un moment, je pense que je devais paraître un peu trop détachée de la scène, maintenant que j'en étais sortie. Je ne pleurais pas, je ne hurlais plus. Et sans avoir l'air tout à fait indifférente, je supportais le choc, j'accusais le coup. Peut-être aurait-il été de bon ton de m'évanouir, mais je n'en fis rien. Je n'allais pas jouer les sottes écervelées. J'avais vu bien pire dans ma vie, même si je n'en étais pas moins choquée. Mon mariage m'avait autant renforcée qu'il m'avait fragilisée, apparemment. Je pouvais voir des immondices et donner l'impression de m'en remettre immédiatement, même si au fond c'était loin d'être vrai. Je tentais de faire bonne figure, disons. J'imagine qu'après ma première réaction, Sven se serait attendu à me voir m'effondrer. C'eût été plus que logique. Mais non, je m'étais contentée de me laver les mains. Comme si elles étaient sales de terre et non de sang, comme c'était le cas en réalité. J'étais habituée à la vue du sang. C'était la vue d'un mort, qui me dérangeait grandement.

D'un regard, je cherchai Tasha. La pauvre s'était réfugiée près d'un arbre. Elle était nerveuse, je le voyais bien. Et sa robe était maculée de sang. Mieux valait que je la laisse se calmer, avant d'aller la chercher. Et il faudrait la changer de box, elle refuserait d'y poser ne serait-ce qu'un sabot. Ce que je pouvais comprendre. Ekaterina morte, je n'avais pas pu remettre un pied dans sa chambre... J'eus un petit soupir, me tournant de nouveau vers Sven. Je crois que nous ne nous étions pas présentés officiellement. Je ne pus m'empêcher d'avoir un petit rire, quelque peu nerveux et moqueur.

« Il nous aura fallu une morte pour oser nous adresser la parole. N'est-ce pas stupide ? »

Les règles de politesse et de bienséance étaient parfois si stupides... Je secouai doucement la tête.

« Elle était trop jeune pour mourir... »

Beaucoup trop jeune. Comme l'était ma sœur. On est toujours trop jeune pour mourir. Pour être assassinée. Ce genre de choses ne devraient jamais arriver. Mais elle était morte, qu'est-ce que je pouvais bien y faire ? Je n'étais pas une déesse, je ne pouvais pas ramener les morts à la vie, ni même voyager dans le temps. Ce qui est fait est fait, j'étais bien placée pour le savoir... Sans doute aurait-il été plus sage de ma part de m'en aller, mais je ne pouvais pas, je devais attendre l'arrivée de la police, puisque j'avais découvert le corps. Il n'y avait plus qu'à prier pour que tout cela n'arrive pas aux oreilles de Dmitri. J'eus un petit sourire, un peu forcé, que j'adressai à Sven. Le suédois me dépassait d'une bonne tête, et même si je lui étais supérieure en rang, je me sentais comme une enfant à ses côtés. Je faisais toujours figure de poids plume à côté des hommes.

« Je suis Anastasia. »

Simplement Anastasia. Pas de Nouchkine, pas de Kristianov, pas de Duchesse, pas de Princesse. Juste Anastasia.
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