Oublier. Tout oublier. C’était ce dont j’avais besoin le plus instamment. J’avais tant de choses à oublier. J’avais besoin de tout oublier. Oublier mes querelles avec Anastasia tout d’abord. Mais oublier aussi que la vie que je menais, même si elle pouvait paraitre amusante d’un œil extérieur n’était pas celle que j’avais espéré. Bien sûr j’appréciais d’aider Alexandre dans sa tâche et de m’enquérir de ma tache avec le plus de sérieux et de professionnalisme possible, mais c’était parfois la seule source de satisfaction que j’avais dans ma vie. Lorsque j’imaginais ma vie dix ans auparavant, je me voyais heureux en mariage avec Anastasia et père. Alors que la réalité était tout autre et que j’en souffrais. Alors je préférais oublier. D’une manière ou d’une autre, j’avais besoin pour une nuit d’oublier que ma vie était loin d’être satisfaisante.
Et puis, sans parler uniquement de ma vie privée, j’avais besoin d’oublier durant cette nuit là, que les choses n’allaient pas si bien dans l’Empire. Alexandre devait faire face à de nombreux ennemis. Le plus dur c’est quand ces mêmes ennemis sont hébergés sous votre toit et que vous vous devez de leur accorder une certaine importance puisqu’ils sont vos invités. Et j’avais besoin d’oublier qu’Alexandre était un Tsar. Tout comme je pensais qu’il avait besoin lui aussi pour une nuit infime de s’éloigner de toutes ces manigances, de tous ces quolibets. Nous ne nous étions pas oubliés depuis ce qui me semblait être une éternité. Et j’avais besoin le temps d’une parenthèse magique d’oublier un peu que l’Empire tenait tout entier sur nos épaules et que nos vies privées n’étaient pas aussi satisfaisantes que nous les avions rêvées lorsque nous n’avions que quinze ans.
Je ne voulais plus penser ni aux espions anglais et français démasqués et qui grouillaient dans le palais tels de la vermine impossible à exterminer, ni à Marie, ou Anastasia, ou à…A rien. Je ne voulais penser à rien, et m’était apparu tel Dieu que c’était exactement de ça dont mon cher Alexandre avait besoin. Une nuit de distractions, une nuit où nous ne serions plus accablés par le poids des responsabilités et du devoir. Une nuit où nous serions deux simples jeunes hommes en quête d’un paradis éphémère.
C’est pourquoi je me mis en quête de quelques courtisanes en chemin vers les appartements d’Alexandre. Je le savais très certainement encore dans ses appartements à cette heure-ci. J’espérais seulement qu’il n’ait pas eu la mauvaise idée d’aller retrouver Marie. Ou que celle-ci n’ait pas choisi ce moment ci pour daigner accoucher. L’enfant pouvait attendre encore quelques heures non ? Alexandre méritait bien une parenthèse. Nous la méritions tous deux. Oh, je sais bien ce que les langues mal pendues pourraient bien dire de ce comportement, qui bien entendu n’était pas très approprié à la vie à la Cour, mais je m’étais toujours fait fi du qu’en dira t’on. Et ce n’était pas aujourd’hui que mes frasques allaient me paraître inconvenantes. Quand bien même elles l’étaient, ce qui se disait était très certainement un dixième de ce dont j’étais capable.
Les deux charmantes jeunes femmes…filles ? À mes bras, nous nous fîmes savoir auprès du domestique qui se tenait dans le petit salon. Ludmilla, la jolie blonde n’avait rien à envier à son amie Masha. Très douces et attentionnés, je m’amusais des regards en coin de chacune d’elles. Je voyais bien dans leurs yeux qu’elles tenaient là l’espoir de faire leur grande entrée dans le cercle très fermé d’Alexandre. Mais il aurait été fort déplacé de ma part de leur dire qu’elles partiraient sans doute dés l’aube et qu’il était fort peu probable qu’elles aient la chance l’une comme l’autre de compter parmi les maitresses d’Alexandre. Ou les miennes. Je ne voulais plus m’attacher.
J chassais bien vite ces pensées qui ne feraient qu’assombrir mon humeur et j’accueillis Alexandre avec un large sourire, et un petit regard coulé sur la gorge de Masha.
-Penses-tu avoir du temps à nous accorder Ô mon Tsar ?
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Mar 15 Mar - 17:14